Si vous fréquentez une plage où la baignade est surveillée cet été, il y a de bonnes chances que vous les aperceviez. Les nageurs sauveteurs de la SNSM ne sont pas les seuls à assurer la sécurité sur le littoral : les pompiers le font dans certaines communes, parfois des associations locales, de moins en moins les CRS. Mais la SNSM est le premier acteur, couvrant environ un tiers des plages surveillées. L’été dernier, malgré le début de la crise sanitaire qui avait compliqué les formations, ils étaient mille trois cent quatre-vingts, répartis dans cent quarante et une communes du littoral. Cet été, ils seront là à nouveau, malgré les nouvelles complications que la Covid fait peser sur les trente-deux CFI – centres de formation et d’intervention –, qui leur apprennent les techniques de sauvetage, de secourisme et bien d’autres choses.
Ils seront ensuite répartis à trois ou quatre en moyenne par poste de secours ou poste d’intervention (deux cent cinquante-six l’été dernier). Les postes de secours sont ceux que vous avez l’habitude de trouver sur la plage ou légèrement en retrait. Dans certaines zones, si les plages sont sans surveillance et/ou difficilement accessibles par la route, vous pouvez voir patrouiller une embarcation, qui peut être alertée par VHF ou téléphone. C’est le principe du poste d’intervention. Pensez à demander et noter le numéro ; dans le doute, appelez le 196.
La grande majorité de ces sauveteurs qualifiés sont jeunes. Ils ont pu s’inscrire en formation dès 16 ans. Les plus jeunes affectés à la surveillance ont 18 ans. Souvent, ils viennent de passer leur bac. La classe d’âge de 18 à 21 ans est la plus représentée. Il n’est donc pas surprenant que les trois quarts d’entre eux soient étudiants. Ils sont « qualifiés » parce qu’ils ont consacré une bonne partie du temps de loisirs de leur année scolaire à quelque trois cents heures de formation, sanctionnées par plusieurs brevets, permis ou diplômes. Eux-mêmes ou leurs parents ont participé au coût de cette formation, à hauteur d’un millier d’euros environ (le coût réel moyen est estimé à 6 000 €, dont 5 000 pris en charge par la SNSM). Qualifiés, ils vont devenir expérimentés à l’occasion de leur première saison sur le terrain. Ils ne sont pas seuls. Le savant dosage moyen d’un poste rassemble un nouveau pour quatre anciens, dont un formateur. 28 % de ces nageurs sont des nageuses sauveteuses, proportion qui augmente trop lentement puisque le chiffre est stable sur ces cinq dernières années ; nous y reviendrons.
Tous ces jeunes sont-ils contents d’être là ? Sont-ils satisfaits de leur expérience ? « Oui », répondent-ils massivement au questionnaire qu’ils ont été sept cent un à remplir à la fin de la saison dernière, comme l’avaient fait leurs prédécesseurs cinq ans plus tôt. Le taux de satisfaction augmente encore pour atteindre 88 %, dont la moitié très satisfaits. Ils sont contents des équipements aux couleurs de la SNSM qu’on leur fournit (T-shirt, coupe-vent, short, etc.), ils ont apprécié leur accueil par les mairies et les responsables locaux de la SNSM (l’équipage du canot de sauvetage et le délégué départemental), leur logement a convenu (ils sont logés et rémunérés pour leur mission de surveillance par les communes). Leurs employeurs semblent également satisfaits. De nombreuses villes renouvellent l’expérience d’année en année. Les deux que nous avons interrogées plus longuement, une en Manche (Ouistreham/communauté urbaine Caen la mer), l’autre en Méditerranée (Théoule-sur-Mer) sont satisfaites, voire très satisfaites. Donc tout va bien dans le meilleur des mondes ? Oui et non.
Ils ne sont pas comme avant
De nos divers entretiens ressort une inquiétude latente, que l’on pourrait résumer en une formule : « Ils ne sont pas comme avant. » Le plus étonnant pour nous a été d’entendre le jeune directeur du centre de formation d’Orléans, Rémy Bicharel, 27 ans, confirmer l’impression d’un collègue plus âgé, prêt à passer la main à son adjoint – Thierry Cantais au Havre, 60 ans, dont trente-cinq de dévouement à la SNSM. La part de reproche ou de critique qu’il peut y avoir dans ce constat s’adresse surtout aux parents : nous protégeons trop nos enfants. Les responsables de la formation sont étonnés de voir arriver de plus en plus souvent les parents quand un problème doit être réglé avec un jeune. Du coup, ces « enfants » de 18 ans ne sont souvent pas assez autonomes, trop gâtés (manque de respect de la discipline pour certains, d’entretien du matériel pour d’autres) et posent parfois des problèmes le soir ou la nuit, loin de papa et maman.
Alors, rien ne va plus, contrairement à notre impression première ? Pas du tout. C’est Thierry Cantais, au Havre, qui nous donne la clé, après avoir vu passer des générations de jeunes sauveteurs : « Je suis fier d’eux au minimum deux fois dans l’année : la première en fin de formation quand ils sont nommés sauveteurs qualifiés, et la seconde en septembre quand ils reviennent de leur première saison. Ils sont transformés. Ils ont pris des responsabilités, affronté des difficultés dans le monde réel. Les parents eux-mêmes viennent parfois me le dire, avec une grande satisfaction. » La SNSM, qui investit de plus en plus massivement dans la formation de tous ses sauveteurs est aussi une école de vie, encore plus précieuse peut-être pour ces générations chouchoutées, qu’elle aide à mûrir.
S’il y a, bien sûr, quelques jeunes qui, à l’expérience, posent problème, comme cela arrive dans toute institution, ils restent rares et leurs cas sont gérés via des procédures disciplinaires internes. Guillaume Turpin, inspecteur adjoint en charge de cette branche d’activité au siège national, évalue à une vingtaine par an les cas qui remontent en commission de discipline, dont un tiers se termine par des non-lieux. Chiffres en diminution depuis que la direction nationale demande que l’on affiche, dans les CFI, les sanctions et leurs motifs (anonymisés) pour que les exigences de discipline soient bien connues de tous. Les non-lieux correspondent en effet, souvent, à des situations où les responsables accueillant sur place n’ont pas été assez clairs. Romain Bail, le jeune maire de Ouistreham et vice-président de la commission littoral et tourisme de Caen la mer – et, à ce titre, responsable de la sécurité sur les plages et employeur des sauveteurs –, explique que tout va beaucoup mieux, y compris l’entretien du matériel, depuis qu’a été mis en place un accueil formalisé des sauveteurs en début de saison avec rappel de quelques exigences, réunion à laquelle il participe personnellement.
Une ligne intéressante sur un CV
Preuve que l’effet SNSM est globalement très positif pour la très grande majorité des jeunes recrues, il les aide aussi à entrer dans la vie active. Ils sont de plus en plus nombreux à dire qu’ils ont trouvé un emploi grâce aux qualifications acquises à la SNSM : 38 % en 2020, contre 33 % en 2015. Cette évolution est encourageante pour l’association, qui mène un combat de longue haleine afin que ses formations de haut niveau soient plus largement reconnues, avec des équivalences, au titre de la formation professionnelle. Il est difficile de cerner exactement quelles sont ces qualifications qui les ont menés à l’emploi. Parfois, le lien est direct : petits boulots de surveillance de baignades avant de suivre les formations complémentaires pour devenir maître-nageur. D’autres fois, il l’est un peu moins : la formation et le vécu sur les plages ont aidé à prendre confiance en soi pour passer les sélections d’entrée dans la gendarmerie, chez les pompiers professionnels… ou ailleurs. « Je ne serais pas professeur d’éducation physique au lycée si mon expérience à la SNSM ne m’avait pas aidée à prendre confiance en moi », nous dit Camille Bernard (cf. encadré à la fin de cet article). Quelquefois, c’est simplement l’image de rigueur et d’engagement sur un CV qui est un atout pour un employeur, notamment dans les régions littorales, où la SNSM est une institution très respectée. « Le passage par le sauvetage est un plus qui doit être valorisé dans un CV et qui l’est déjà, je pense », nous indiquait récemment Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du Cluster Maritime Français, qui fédère les entreprises du monde maritime.
Jacques Lelandais, qui a été pendant vingt-cinq ans maire de Hermanville-sur-Mer, commune littorale proche de Ouistreham où il préside la station de sauvetage, raconte qu’il est souvent sollicité par des parents dont les enfants « ont besoin d’être structurés, ne savent pas trop ce qu’ils veulent faire » et qui voient les jeunes nageurs sauveteurs sur les plages l’été. Certains reculent devant l’ampleur de la formation, mais, pour d’autres, c’est, au contraire, l’occasion précieuse de passer une première marche vers la vie d’adulte et de se différencier via un engagement plus formateur et structurant qu’un simple job d’été. En effet, pour accéder à la formation de nageur sauveteur et être qualifié, il y a une sélection.
En début d’année scolaire, le CFI voit arriver des jeunes aux motivations diverses et/ou un peu floues, comme le montrent les différents articles sur leur formation. À Lorient, les jeunes Koukla et Baptiste sont sans doute assez représentatifs des candidats d’une région littorale. Ils voient les sauveteurs, voire ils en ont eu besoin, comme Baptiste; ils aiment l’eau, les sports nautiques. À Orléans, Lou est plutôt attirée par le côté sportif ; tandis que Corentin vise déjà le métier de pompier professionnel. Jean-Marc Boisson, aujourd’hui directeur du CFI de Lyon, se souvenait d’être venu tout jeune taper à la porte de la SNSM avec des motivations essentiellement sportives : « Moi-même, je suis arrivé ici sans trop savoir ce qu’était le sauvetage en mer. » Les responsables du centre de formation vont les sélectionner un peu sur leurs compétences sportives, et beaucoup sur ce qu’ils pressentent de leurs capacités humaines à aller jusqu’au bout d’une formation exigeante et à s’intégrer dans une activité demandant discipline et rigueur.
On peut déplorer que le financement de la formation écarte de fait des jeunes qui pourraient tirer un grand bénéfice de cette école de vie. L’expérience a hélas montré que ceux dont les formations étaient prises en charge par des organismes de financement à vocation sociale étaient trop souvent moins assidus et tenaces pour aller jusqu’au bout du parcours.
Les femmes ont toute leur place
Fille ou garçon, cela fait-il une différence ? Pas du tout. Au contraire, nous n’avons entendu que du positif. Que ce soient les directeurs de CFI ou les représentants des communes, tout le monde souhaite voir plus de jeunes femmes dans les postes de sauvetage. À Théoule-sur-Mer, Bruno Bordereau, directeur du service maritime communal gérant le port et le littoral, et sauveteur SNSM, se félicite que la proportion féminine augmente à l’avenir. « Elles sont peut-être même plus engagées. Et, en plus, elles canalisent les garçons », assure-t-il.
Partout on souligne ce qu’elles apportent dans les rapports avec le public quand il faut rassurer un petit enfant perdu sur la plage ou soigner des blessures en calmant les inquiétudes, par exemple. Ce sont des activités importantes dans les postes de secours. « Mais il ne faut pas les cantonner à la bobologie ou la surveillance aux jumelles en haut de la plage », corrige Thierry Cantais, au CFI du Havre. Son jeune collègue d’Orléans abonde : « Des filles plus compétentes que des garçons, il y en a plein, sans problème ; avec des gabarits de 50 kilos qui vous ramènent un bonhomme de 80 kilos ! » Par ailleurs, durant la formation, elles « tirent le groupe vers le haut ». La mixité est une plus-value.
La preuve que cela évolue chez les nageurs sauveteur ? En cinq ans, la proportion de femmes n’a pas significativement augmenté, mais leur accès aux responsabilités a nettement progressé. On est passé de 15 % à 21 % pour les chefs de poste et de 0 à 6 % pour les chefs de secteur. Une tendance encourageante.
De l’autorité mais pas de pouvoir de police
Parmi les expériences formatrices que vont vivre filles et garçons sur la plage, parlons aussi de celle de l’autorité. Ils ont en effet un rôle de prévention et peuvent être amenés à signaler à des baigneurs qu’ils se mettent en position dangereuse, ou à des usagers de bateaux, Jet-Skis® ou autres qu’ils exposent les baigneurs à un danger. Le ton n’est pas facile à trouver quand on a 20 ans et que l’on s’adresse à des adultes plus âgés. Des milliers de personnes sur une plage, c’est la population d’une petite ville. Les Sauveteurs en Mer peuvent faire des remarques, mais ils n’ont pas de pouvoir de police, contrairement aux CRS qui surveillaient dans le passé de nombreuses plages, notamment à Ouistreham. « En fin de baignade, les jeunes sauveteurs de la SNSM savent très bien dire qu’il ne faut pas abandonner ses déchets sur la plage », se réjouit Romain Bail, le maire de Ouistreham. Mais s’ils sont confrontés à des personnes qui génèrent un danger et ne veulent pas obtempérer, c’est plus compliqué. Pour résoudre le problème, une commune du Midi avait souhaité associer des policiers municipaux aux postes de sauvetage. « Ce mélange des personnels a créé des difficultés et une situation parfois ambiguë », a expliqué le président de la SNSM au maire de la commune. « Ouistreham a choisi une autre option, qui fonctionne très bien, assure l’élu normand. Des policiers municipaux ne sont jamais loin et, si une situation dégénère, les sauveteurs ont leur numéro de téléphone pour les appeler. »
Les précieux formateurs vont-ils se raréfier ?
Ces centaines de jeunes qui auront bénéficié de la formation et de l’expérience de nageur sauveteur ne vont pas tous rester à la SNSM. C’est la vie. En moyenne, ils font deux ou trois saisons. Puis, souvent, les études supérieures les éloignent du centre de formation dans lequel ils ont été formés et où ils doivent tenir leur formation à jour. Tant mieux pour les centaines de jeunes de la génération suivante, qui vont bénéficier, à leur tour, de la formation et de l’expérience des nageurs sauveteurs. Leurs aînés leur font naturellement de la place.
Pour que cette belle mécanique fonctionne, il faut cependant que certains restent et prennent des responsabilités : chef adjoint, chef de poste, chef de secteur et formateur. Parmi ceux-là, la proportion d’actifs, un peu plus ou franchement plus âgés, augmente.
Ici se dessine une vraie inquiétude dans les propos de nos interlocuteurs et dans les chiffres des sondages : y en aura-t-il assez dans l’avenir ? En 2015, 57 % des nageurs sauveteurs ayant répondu au questionnaire envisageaient de devenir formateurs. En 2020, ils ne sont plus que 50 %. L’érosion est nette parmi les chefs de poste et chefs de poste adjoints, vivier naturel des formateurs. Dans les Alpes-Maritimes, Bruno Bordereau, qui est aussi adjoint au délégué départemental, s’en inquiète : « Nous aimerions bien rouvrir un CFI dans le département. Il y a une demande des jeunes et nous avons besoin de formations aussi pour les sauveteurs embarqués, en secourisme notamment. Mais nous craignons de manquer de formateurs bénévoles. »
Les formateurs, comme les sauveteurs embarqués sur les canots de sauvetage, sont des citoyens entièrement bénévoles qui consacrent à leur seconde famille un nombre d’heures inimaginable. Comment trouver ce temps alors que ce sont en grande majorité des actifs ? Rémy Bicharel, qui est devenu gendarme mobile, explique que des professions comme la sienne sont « totalement prenantes quand on est en service, mais laissent des plages de temps libre importantes au repos ». Marins, pompiers, enseignants bénéficient également d’emplois du temps un peu particuliers et relativement prévisibles. Rémy explique aussi qu’il n’a pas encore de responsabilité de famille. Sa vie sociale et amicale en dehors du travail est très liée à la SNSM. Ses propos font écho à ceux d’Aline Marmin, jeune formatrice, dont on peut retrouver le portrait : « Je ne suis pas mariée, je n’ai pas d’enfants ; je peux y consacrer le temps que je souhaite. » Mais il y a aussi tous ceux dont la famille supporte et soutient cet engagement exigeant, voire les accompagne. Nombreuses sont les familles où l’on est sauveteur de père en fils ou en fille, comme chez Thierry Cantais.
Ce modèle atteint-il ses limites ? Nous avons beaucoup entendu le mot « limites » au cours de cette enquête. Limites d’une organisation où l’on demande à des citoyens non professionnels de respecter un niveau d’exigence de plus en plus comparable à celui d’un exercice professionnel. Cette exigence, personne ne s’en plaint. Au contraire. Mais on s’interroge. Elle s’accompagne de beaucoup de rapports, de statistiques et de travail administratif. Faudrait-il un poste administratif salarié dans les CFI ?
« Comment en vouloir aux nageurs sauveteurs d’être plus revendicatifs que les anciens sur leurs horaires, alors qu’on les traite de plus en plus en professionnels ? », commente Bruno Bordereau. La rémunération des nageurs sauveteurs par les communes en saison est l’exception justifiée par les heures d’astreinte qui leur sont imposées. Le sauvetage de la vie humaine est gratuit et l’essentiel de l’activité de la SNSM repose sur le bénévolat. Faudra-t-il rémunérer aussi les formateurs un jour ? Quand on l’évoque, ce n’est pas pour soi, mais pour les autres. Dans un autre sondage réalisé récemment auprès de l’ensemble des bénévoles de la SNSM, le bénévolat restait la première des valeurs représentant le mieux l’association, mise en avant par 42 % des répondants (un peu moins pour le segment des formateurs). Reste-t-il un modèle d’avenir ? Espérons-le. Les jeunes des prochaines générations, qui, eux non plus, ne seront pas comme ceux d’avant, nous surprendront certainement à leur tour.
Rester près de la famille ou s’éloigner ?
Avant la saison, les sauveteurs expriment trois vœux d’affectation. Le sondage leur proposait de classer cinq motivations. 22 % ont placé en tête la proximité avec la famille et/ou les amis avant le choix de la destination, la qualité de la mission de sauvetage, le salaire et la qualité de l’hébergement (ce qui tendrait à confirmer l’image de jeunes qui ont du mal à s’éloigner du cocon familial). Mais 46 % ont mis cette motivation en dernier ! Ils sentent bien que c’est une occasion d’acquérir un peu d’autonomie.
Être femme et nageuse sauveteuse
Camille Bernard, 24 ans, du CFI d’Ille-et-Vilaine, consacre son week-end à la formation des plus jeunes lors du stage surveillance et sauvetage aquatique, celui qui ajoute la qualification mer – propre à la SNSM – au brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA). Pourquoi la proportion de jeunes femmes n’augmente-t-elle pas plus vite ?, lui demande-t-on. « Parce qu’elles ont un peu peur d’avoir du mal à s’intégrer. Le sauvetage garde une image très masculine », estime-t-elle. La mission est aussi perçue comme très physique, assimilée à celle des pompiers ou des CRS. Les jeunes stagiaires filles, généralement moins lourdes et robustes que les garçons, viennent souvent lui faire part de leurs craintes : elles ne pourront pas porter quelqu’un de corpulent. « Tu ne seras jamais seule en intervention ; c’est un travail d’équipe », leur répond-elle.
Spécialiste des côtes dangereuses, Camille a souhaité découvrir des plages différentes chaque année. Elle arrivait en se disant qu’il fallait qu’elle prouve, dès la première semaine, qu’elle pouvait y arriver, comme tout autre sauveteur. L’été dernier, pour la première fois, à Belle-Île-en-Mer, elle a été chef de poste adjointe avec une chef de poste, supervisant trois garçons. « Cela n’a posé aucun problème. Au contraire, on en a parlé. Ils étaient plutôt fiers d’être dans une équipe dirigée par des femmes. »
Article rédigé par Jean-Claude Hazera, diffusé dans le magazine Sauvetage n°156 (2ème trimestre 2021)